Bonjour à tous !
Je vous présente aujourd’hui ma dernière figurine. Celle-ci me tenait à cœur depuis très longtemps ! Il s’agit du Capitaine Carlos Coolidge Alden Junior, chirurgien du 509th PIB. Son histoire – incroyable, vous allez le voir – est racontée dans l’excellent livre de William Breuer : "
Captain Cool ! Paratrooper Legend".
"Avec mes lunettes teintées, la tenue de saut, la barbe de deux jours, l’appareil photo, les pellicules, les lunettes de protection, les poches pleines de bandages et de morphine, deux pistolets, des munitions, une Tommy Gun, des grenades, sans mentionner mon couteau de chasse et ma gourde ; je marchais comme un gorille ! Je pense que les gars devaient rire, si ce n’est plus. Et le rire est le meilleur des médicaments. D’une façon ou d’une autre, ça aidait les hommes en premières lignes si ils savaient que le Vieux Doc était dans le coin". "Doc" Alden n’était pas qu’un simple chirurgien, c’était une véritable légende vivante qui n’hésitait pas à troquer les bandages contre une arme à feu dès qu’il en avait l’occasion.
Carlos Coolidge Alden Junior est né le 11 Avril 1911 à Buffalo, New-York. Il est le troisième enfant d’une famille dont le père, Carlos Senior, enseignait le droit. Il poursuivra des études de médecine et sera diplômé en 1939. Il devient dans le même temps officier de réserve dans le corps médical de l’US Army. A la fin de l’année 1940, il reçoit une lettre de l’United States Army’s Surgeon General : ordre lui est donné de rejoindre Carlisle Barracks, Pennsylvanie, le 4 Janvier 1941, pour servir sous les drapeaux… Un an avant l’attaque sur Pearl Harbor, les Etats-Unis décide d’augmenter leurs forces, et les médecins représentent un besoin urgent.
Après un mois à Carlisle Barracks, il est transféré à Camp Lee en Virginie. A peine arrivé là-bas, le capitaine en manque d’action bombarde le commandant du camp d’incessantes demandes de transfert outre-mer. Cette insistance devint rapidement du harcèlement et Alden fut vite qualifié « d’emmerdeur » au sein du Surgeon General’s office du War Department à Washington. A chaque nouvelle demande, on lui répondait simplement "non". Un jour de Juin 1941, alors qu’il n’avait fait aucune nouvelle demande de transfert, une lettre arrive du War Department. Il était finalement transféré, mais pas outre-mer : il devait rejoindre Fort Benning, l’école des parachutistes. Se demandant ce qu’étaient les paratroops, Alden se fit raconter par un camarade officier que les parachutistes étaient tous volontaires et qu’ils devaient être excentriques, "ils font des trucs fous, comme sauter d’un avion en plein vol !".
Si les parachutistes n’étaient, à l’époque, qu’au stade d’expérimentation, il fallait cependant montrer une condition physique sans failles tant les corps étaient mis à rude épreuve. Chaque volontaire devait subir un examen médical. Or, Carlos Alden a les pieds plats, des vicaires et est daltonien : il était convaincu de ne pas pouvoir passer les tests… "Pourquoi ne me passerais-je pas moi-même le test physique ?", une autre idée excentrique typique du capitaine. Il rempli alors lui-même le document médical, et tous ses problèmes physiques disparurent instantanément. Le document, signé par le Capitaine Carlos C. Alden Jr., capitaine du corps médical, stipulait que le Capitaine Carlos C. Alden Jr. était apte à intégrer l’école de parachutisme…
Il effectua ses cinq sauts qualificatifs et décrocha finalement les wings tant convoitées, montrant qu’il était désormais un membre des parachutistes, nouvelle unité d’élite de l’armée. Il est alors affecté comme officier médical au 2/503rd PIR. Cette unité, qui deviendra par la suite le 509th PIB, était alors commandée par le non moins excellent Edson Duncan Raff, diplômé de West Point en 1933 et futur commandant du 507th PIR.
En juin 1942, le 2/503rd PIR arrive en Ecosse, devenant par la même la première unité parachutiste américaine outre-mer. Les paras vont s’entrainer avec leurs homologues britanniques ; et ces derniers leur attribueront le droit de porter le fameux béret rouge des "Red Devils". Cependant, les anglais, à court de bérets pour leurs propres hommes, ne livreront jamais les bérets aux américains.
Le 2/503rd est redésigné 509th PIB en Novembre 1942. Le 8 du même mois, les paras arrivent en Afrique du Nord, après un parachutage manqué près d’Oran. L’unité participera ensuite à de nombreux raids en Afrique du Nord, notamment celui sur Youks-les-bains le 15 novembre 1942 et celui sur El-Djem le 26 décembre 1942.
En décembre 1942, le 509th PIB est placé au repos en Afrique du Nord. C’est à cette époque que "Doc" Alden recevra son béret rouge, le seul de tout le bataillon ! L’histoire est parfaitement racontée dans le livre de Breuer :
"Quelques jours plus tard, le chirurgien du bataillon était sur sa moto près de Camp Kunkle et pris une pause le long de la route. Il vit une voiture de commandement britannique qui avançait vers lui, avec un chauffeur et un passager à l’arrière qui portait le célèbre béret rouge des ‘Red Devils’ – les parachutistes britanniques. La voiture s’arrêta près du Capitaine Alden, assis sur sa moto, et l’officier sorti.
Alden reconnu le parachutiste anglais qui lui tendit la main alors que ce dernier lui dit : ‘I’m General Browning’.
Le Général Frederick A. M. ‘Boy’ Browning était le plus vieil officier parachutiste britannique. Pimpant et beau, Browning paru amical alors qu’il conversait avec l’officier parachutiste américain. Remarquant qu’Alden ne portait ni casque ni calot, Browning dit gentiment : ‘Capitaine, votre unité fut faite membre honoraire des parachutistes britanniques lorsque vous étiez en entrainement avec nous en Angleterre. Pourquoi ne portez-vous pas un de nos bérets rouges ?’.
‘La raison pour laquelle je n’en porte pas, répondit Alden, est que je n’en ai aucun à porter’.
‘Eh bien je peux régler ça maintenant’, répondit le Général Browning. L’officier anglais pris le béret rouge sur sa tête et le plaça sur celle de Doc Alden.
‘Et voilà’, dit le Général en souriant. ‘Maintenant vous ressembler à un vrai parachutiste !’.
Browning retourna à sa voiture et le chauffeur repris la route. Alden ajusta son nouveau précieux béret rouge jusqu’à ce qu’il lui soit confortable, puis se prépara à repartir. Durant tout le reste de la guerre, au combat ou à l’arrière, Doc Alden fut rarement vu sans le béret rouge du Général Browning fermement, et fièrement, vissé sur sa tête".Le 14 septembre 1943, le bataillon participe à la contre-attaque sur la tête de pont de Salernes, en Italie. Le 509th doit réaliser un saut de nuit autour d’Avellino, il s’agit d’une mission suicide. C’est durant ce saut que le Capitaine Alden connaitra une histoire invraisemblable. Alors que le bataillon est complètement dispersé sur la zone de saut, Alden atterrit seul dans un puits. Il arrive à en sortir et rejoint finalement une trentaine d’autres parachutistes. Guidés par un italien, les américains sont menés dans un guet-apens et la trentaine d’hommes sera dispersée. Alden, durant le combat, reçoit une balle… dans le talon d’une de ses bottes ! Echappé avec un autre para, Alden reste caché dans un champ pendant 2 jours, avant de partir dans les montagnes. Se rendant, seul, dans le village de San-Michele, il est intercepté par une patrouille allemande. S’enfuyant sous les balles ennemies, il sera finalement encerclé par 12 soldats allemands. Il est ensuite emmené au QG de la 15ème Division de Panzer Grenadier. Alors capturé avec un Colt.45, un Garand M1 et des grenades, Alden expliqua à ses geôliers qu’il était en réalité un médecin. Il fut alors transféré dans un hôpital de campagne où il serait plus utile. En chemin, il récupère avec lui 3 autres medics de son unité. Correctement traités, les 4 parachutistes pensent tout de même à s’évader. Alden devra s’échapper par la "grande porte", au nez et à la barbe des allemands, alors que les autres parachutistes s’échapperont par derrière. Le plan fonctionna à merveille : trop occupés à charger les camions, les allemands n’ont pas remarqué que le "Doc" s’échappait ! Pendant plusieurs jours, Alden trouve refuge dans les montagnes et dans les villages alentours. Il sera par ailleurs caché par Pasquale Della Fera et sa famille dans le village de Calibritto. Dans le même temps, l’artillerie américaine bombardait les positions allemandes tout autour. Finalement, après 11 jours de captivité et de cache-cache, "Doc" Alden rejoindra les lignes alliées.
L’histoire de Carlos Alden ne s’arrête pas là. Il participera ensuite au débarquement à Anzio et prendra part à une dizaine de missions de bombardement dans un bombardier de l’USAAF (il s’ennuyait à Rome et il avait sympathisé avec l’équipage…). Comme le veut le règlement, il sera rapatrié aux USA après avoir été fait prisonnier en Italie et manquera le débarquement en Provence en Août 1944. Faisant des pieds et des mains pour retourner au front, il sera affecté à la 101st Airborne. En permission en France, il tombe par hasard sur des vieilles connaissances du 509th PIB et retourne « sans autorisation » dans son ancienne unité juste avant la percée des Ardennes en décembre 1944. Là-bas, il sera à nouveau fait prisonnier et s’échappera une nouvelle fois. C’est à cette occasion qu’une anecdote concernant son béret nous est racontée par Breuer :
"Faisant un signe de tête vers celle d’Alden qui portait son cher béret rouge, un jeune admirateur du chirurgien murmura à un de ses camarades : ‘Je pense que si on donnait le choix à Doc de partir à l’attaque sans son béret ou sans son pantalon, il choisirait le béret même s’il se gèle littéralement les couilles’. Malgré la tension ressentie, les deux camarades éclatèrent de rire".Il ne quitte pas l’armée après-guerre, et prendra sa retraite le 4 juin 1964. Pour ses actions et celles de son unité durant la WW2, il se verra remettre la Distinguished Service Cross, la Silver Star Medal et la Legion of Merit.
Quand certains curieux demandaient pourquoi lui, un docteur, avait besoin de tout cet impressionnant arsenal personnel, il répondait :
"Pour repousser des animaux sauvages quand je suis en train de traiter un blessé sur le terrain".
De retour à Naples, deux semaines avant l’assaut sur le Mont Croce, Alden fut questionné à propos de son étrange apparence – béret rouge, lunettes de soleil, l’arsenal, des équipements allemands – et le docteur a répondu :
"Il y a une bonne raison pour toutes ces absurdités. Les gars de mon unité pensent que je suis fou, mais ils me préfèrent comme ça. Et, croyez-le ou non, cela sert un but bien précis. Sachant que je suis assez fou pour essayer presque tout, ces jeunes gars se disent : si Doc peut le faire, alors je peux aussi !".
Retenons de cet homme qu’il était intrépide et profondément contre le règlement ! Si un film devait être fait, le scénario serait rejeté et jugé invraisemblable ! Il aimait faire des raids à moto (moto volée, évidemment…) dans le désert d’Afrique du Nord. Il accueillera à Messina l’armée de Patton, après s’y être rendu en avion lui-même et avoir passé la nuit dans la ville infestée d’allemands. Il passera aussi 5 jours et 5 nuits sans manger dans un grenier dans les Ardennes, encerclé par les SS. Il s’échappera plusieurs fois de captivité, chaque fois avec beaucoup de ruse et d’ingéniosité. Bien que docteur, il excellait dans l’utilisation des armes et début 1943 en Algérie, il fut chargé de l’entrainement à la baïonnette ! Chirurgien du bataillon, il ne partait jamais au front sans ses Colt .45, sa Thompson ou un Garand M1, et quelques grenades – tout ça à l’encontre du règlement… Toujours calme, il se verra recevoir le surnom de "Captain Cool".
J’ai voulu représenter Alden après sa cavale de 11 jours autour d’Avellino, c’est pourquoi j’ai retiré un talon à la chaussure.
Côté figurine : il s’agit d’un assemblage intégral de loose divers et variés.
L’uniforme a été passé à la brosse en vert olive, comme l’étaient les tenues du 509th (une idée de génialissime William P. Yarborough, créateur des "jump wings" et de la tenue de saut M1942).
"Doc" Alden le 25 novembre 1943, après 11 jours de cavale et de cache-cache avec les allemands.
"Doc" Alden aux Etats-Unis, alors en transit vers la 101st Airborne. Toujours excentrique, Alden arbore un
Combat Infantryman Badge, normalement réservé aux troupes de combats (les medics n'étaient pas des "combattants"). Mais étant donné ses états de service, personne n'a jamais rien dit au "Doc"...