Jacques Cathelineau est né et baptisé le 5 janvier 1759 dans une modeste famille demeurant au Pin-en-Mauges. Il reçoit un enseignement scolaire et religieux de la part de Thomas Compère, curé de la paroisse, qui remarque très vite la dévotion et l'intelligence de son élève.
Il convainc son père de lui permettre de poursuivre sa formation scolaire aux côtés de l'abbé Marchais pour devenir prêtre. Il part, à l'âge de 11 ans, au presbytère de la Chapelle du Genêt où il restera six ans, forgeant sa foi autour du culte de Coeur souffrant de Jésus Christ, mais ne trouvant pas là sa vocation.
Il retourne alors chez lui, se marie en 1777 avec Louise Godin, qui lui donnera 11 enfants dont 5 survivront. Il travaille d'abord comme maçon avec son père puis en tant que voiturier-colporteur, ce qui lui permet de sillonner la région et de vendre des produits manufacturés tels que des mouchoirs de Cholet, des objets de piété, etc. Il est resté très pieux, très croyant et très pratiquant puisqu'il va régulièrement à la messe.
Si la Révolution apporte peu de changements dans cette contrée de l'Anjou, les choses vont changer lorsque les prêtres sont obligés de faire la messe, encadrés par la soldatesque. Au Pin-en-Mauges, on craint pour le curé qui a refusé de prêter serment à la Constitution. Les paysans cachent les prêtres qui organisent des offices clandestins. Les Révolutionnaires détruisent des chapelles et des oratoires.
Arrivent l'année 1793 et la levée en masse ainsi que la conscription décidées par la Convention.
le 12 mars, des jeunes hommes refusent d'aller servir pour le compte de ceux qui ne leur ont apporté, jusqu'alors, que brimades et désolation. Des coups de feu éclatent, on s'en prend aux agents recruteurs, et le sang coule.
Ils s'en remettent à Jacques qui est de bon conseil. ¨Pour lui, il n'y a plus d'alternative. Il faut prendre les armes. il a avec lui 27 hommes et ils vont prendre la ville de Jallais qui enferme armes et munitions. En route, il rencontre Jean Perdriau, ancien soldat de l'armée royale, qui, de La Poitevinière, a eu la même idée que lui. Ils s'emparent même d'un canon et, forts de leur succès, et grâce à d'autres renforts, ils s'en vont s'emparer de la ville de Chemillé. Toutes les mauges se sont soulevées !
Stofflet, un ancien de l'armée royale, a décidé de marcher sur Chollet. Cathelineau et Perdriau le rejoignent et, malgré une résistance acharnée des républicains, s'emparent de la ville.
Ils sont rejoints par les troupes de d'Elbée et de Bonchamps. Ils sont près de 30.000 à présent.
Cette armée est catholique car elle défend la Foi bafouée par la Convention et elle est royale car elle rejette cette République qui n'est source que de malheurs. Joseph, le frère de Jacques, a été capturé, jugé et guillotiné.
La Convention n'entend pas laisser la situation se dégrader. Le 29 mars, arrive à Angers Berruyer avec des troupes fraiches. Il faut incendier les villages et fusiller les habitants. Les vendéens se mobilisent à nouveau et après une mauvaise attaque sur Chenillé, finissent par remporter la victoire.
Les insurgés sont rejoints par les troupes du Haut Poitou regroupées autour de Henri de la Rochejaquelein. Celui-ci décide d'attaquer Bressuire où son cousin Lescure est retenu prisonnier.
La ville se rend sans combat et l'armée catholique prend la direction de Thouars qui tombe le 5 mai.
l'armée se délite ensuite, chacun ayant à coeur de retrouver son foyer, sa ferme et ses champs.
Mais voilà qu'on envoie un nouvel homme, l'adjudant-général Berthier, chargé de mâter l'insurrection. En juin, l'armée catholique se reforme et 30.000 hommes se regroupent à Cholet.
Ils marchent sur Saumur mais vont subir de lourdes pertes, étant, pour la première fois, confrontés à une armée de métier et non plus à des bataillons de conscrits.
Cathelineau est debout face à la mitraille ! Ses hommes le rejoignent et lancent une contre-attaque. Saumur va tomber et les insurgés s'emparent des bagages et du parc d'artillerie des républicains. Prisonniers, des hommes de la légion germanique changent de camp pour suivre Stofflet, d'origine alsacienne, qui parle couramment l'allemand.
On apprend que les gars du marais vendéen, sous les ordres du chevalier de Charrette, se sont insurgés à leur tour. Charrette veut marcher sur Nantes afin de prendre un port qui pourrait permettre de contrôler la Loire et d'avoir un point d'ancrage pour un éventuel débarquement de troupes britanniques. Tout le monde est divisé quant aux décisions à prendre.
C'est alors que le marquis de Lescure propose de nommer un général en chef de la grande Armée catholique et royale. A ce poste, il propose de désigner Jacques Cathelineau, que tous les hommes apprécient et qu'ils ont surnommé le "Saint de l'Anjou". Tous les généraux présents, la plupart d'extraction noble, vont approuver ce choix : Cathelineau est un exemple de bravoure, de charité et de profonde piété. Les hommes sont prêts à se battre et à mourir en martyrs aux côtés de ce saint.
Sa première décision de généralissime sera d'aller rejoindre de Charrette pour attaquer Nantes.
Je l'ai présenté ici, juste après sa nomination en tant que généralissime de l'Armée catholique et royale, alors qu'il va s'adresser à ses troupes. Le regard est porté vers le lointain, et les yeux sont embrasés, à la hauteur de la tâche qu'il va lui falloir accomplir à présent.
J'ai souhaité le présenter dans une attitude qu'un peintre de l'époque romantique aurait pu, sans doute, lui conférer. Ou qu'un cinéaste comme Abel Gance aurait pu le glorifier...