c'est fait!
Quelques fignolages et ça sera prêt pour les expos (en espérant que ça rentre dans la voiture
)
Comme promis les petits extraits de l'inspiration...
"
20 décembre …
Je suis dans la tranchée,
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Des troupiers vont et viennent comme doivent aller et venir dans leurs villages de terre et de palme les habitants de la Guinée… Certains embellissent leur case, la garnissent d’objets voyants, petits cailloux, nummulites arrondis et les disposent en forme de dessins symétriques ou de lettres dans la grasse des murs… certains écrivent… certains autres lisent… certains, qui sont des sentinelles, veillent immobiles, l’œil dans une meurtrière… certains autres, l’œil à la meurtrière fouillent le terrain ennemi à la recherche d’une mitrailleuse qui depuis ce matin ne cesse de tirer sur nous.
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Dans ce petit bois, entre eux et nous, une de nos sentinelles a tué, la nuit dernière, une de leurs sentinelles… le corps est là sur les feuilles mortes, tête nue, les bras en croix… on le laisse. Il servira d’appât. Derrière les arbres, autour de lui, des troupiers veillent.
27 décembre …
en somme nous voici revenus ici - et très vite adaptés – à la vie primitive, à la vie telle que la menaient les hommes de l’âge de fer. De nos mains et sans autres moyens que des instruments primitifs nous avons bâti des villages de terre, de branche et de chaume, et nous y vivons.
La hutte du chef se distingue de celle du bas peuple par ses dimensions plus vastes et son sol mieux balayé. L’intérieur des cases comporte une couche abondamment fournie de poux. Une lampe primitive l’éclaire : elle est le plus souvent creusée dans une racine ou une betterave
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Parmi les habitants du Pays des tranchées il y a de véritables artistes… ornent l’orifice de leur trou d’un frontispice guerrier ; comme tout sauvage qui se respecte, l’homme des Tranchées aime les couleurs vives, et les charpentes de la hutte sont souvent peinturlurées de vermillon, d’ocre et de coeruleum.
Pour subsister, il faut du feu et de la nourriture. Chaque nuit, des guerriers de la tribu vont abattres quelques arbres de la forêt, d’autres vont au village abandonné égorger les dernières poules…
Telle est la vie que mène, à l’époque des neiges, en l’an dix-neuf-cent-quatorze, la tribu des français, appelée aussi « tribu des Vrais-Poilus ».
4 janvierJe passe cette journée de pluie, de neige fondue et de tempête dans les tranchées.
Depuis huit jours que je les ai quittées, peu de changement : les barbes sont longues, les capotes sont couvertes d’une couche de boue sèche et craquelée qui les fait semblables à de la peau de pachydermes.
Les abris se sont améliorés : au début c’étaient des huttes, puis ce furent des niches, maintenant ce sont des terriers : un trou s’ouvrant sur un escalier a peu près vertical, quatre ou cinq marche, et l’on est dans une pièce noire où logent trois ou quatre hommes…
11 février…
Joffre passe en revue la division que nous formons avec les tirailleurs et les zouaves.
16 mars…
A la lueur des fusées on voit descendre de la colline conquise le flot lent des blessés. Ils sont innombrables, les marocains, les zouaves, les fantassins sont mêlés. Les yeux allumés, la parole saccadée ils sont encore tout tremblant d’enthousiasme.
…
Les marocains et les zouaves subissent des pertes énormes également.
Le zouave blessé rabat son capuchon sur sa tête et prend un air d’affaissement et de souffrance. Pour une blessure à la main, le zouave prend un bâton et marche en traînant péniblement la jambe du côté de la main blessée."
Maurice Bedel
Journal de guerre (éd. Tallandier)Le plateau supérieur (faible luminosité... pour l'ambiance
):
Vue du coté tranchée (la cagna ne représentant que peu d'intérêt, sinon que d'être le support
)
Deux de côté quand même... juste pour voir!
Garde à vous!
Aux morts!