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| | Pour un ancien d'Austerlitz (Paris - novembre 1821) | |
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+6lauris francky08 pascal MASQUE merlinharley77 Saint Clair 10 participants | |
Auteur | Message |
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Saint Clair
| Sujet: Pour un ancien d'Austerlitz (Paris - novembre 1821) Sam 31 Jan 2015 - 19:04 | |
| Le jeune Saint Clair et sa jeune épouse pressent le pas. Ils ont hâte de regagner leur foyer en cette fin d'une froide journée de novembre. Au détour d'une rue, ils se font héler par un homme assis sur un banc : "A vot' bon coeur M'sieur dame, pour un ancien d'Austerlitz !" Le jeune Saint Clair fait mine de s'arrêter. Sa jeune épouse lui dit : "Allons, mon ami, vous n'allez tout de même pas ... - si ma chère, cet homme est un ancien de la Grande armée, je me dois de lui donner la pièce... L'homme opine du chef en signe de remerciement : "Merci Monsieur le baron, Dieu vous le rendra. - mais ? Vous savez qui je suis ? - oui, Monsieur le baron, je vous vois passer souvent dans ce quartier et je sais que vous êtes le fils du général Saint Clair. - vous connaissez le général Saint Clair ? - oui, m'sieur, je servais sous ses ordres à Austerlitz; il était alors tout jeune capitaine. J'étais encore avec lui à Eylau, à Wagram, et au 69ème régiment d'infanterie de ligne lorsqu'il fut nommé colonel. Et puis, il est revenu de Russie et moi aussi. Nous n'étions alors plus nombreux. Et quand le p'tit caporal est revenu de l'île, nous aussi on est revenus, avec lui. Votre père était général de brigade lorsqu'il ordonna la charge à Hougoumont. J'm'en souviens comme si c'était hier, j'en ai gardé des traces, d'ailleurs. Des sales traces... - mais, alors, mon brave, vous avez forcément cotoyé ceux qui furent ses compagnons de combats. - oui, bien sûr, ils avaient tous, comme moi, connu les guerres de la République avant de prendre rapidement du galon sous l'Empire. Vous pensez oà qui ? - je ne sais pas, je pense, par exemple, à ces deux belges dont mon père me parle parfois avec une certaine nostalgie. - oui, oui, je vois qui c'est : un certain Merlin, chef d'escadron au second régiment de cuirassiers. Je l'ai vu, pour la dernière fois, le 18 juin 1815 lorsqu'il donna l'ordre de charger les carrés anglais. - et alors ?! - il disparut dans la fournaise de ces combats meurtriers dont personne ne revient jamais vraiment intact. Il était toujours accompagné de son fidèle Dragon dont il ne se séparait jamais. - son fidèle Dragon ? - oui, belge, comme lui, mort d'une balle en pleine tête à Ophain, lors des derniers assauts. - comment le savez-vous ? - c'est le révérend-père Laurent qui me l'a raconté, après la campagne. - mon père m'a beaucoup parlé de cet homme mais il me disait qu'on n'avait jamais su qui il était vraiment. - pour sûr, il confessait les troupes avant chaque bataille et donnait l'extrême onction aux mourants, et il était doué pour cela; du coup, personne ne s'est jamais posé de questions sur son sacerdoce. - et qu'est-il devenu ? - il est rentré chez lui, et personne ne sait ce qu'il est devenu depuis lors; on dit qu'il est devenu riche car beaucoup de ces pauvres bougres, dans leurs derniers instants, lui ont légué le peu qu'ils avaient. - mon père me parlait souvent d'un certain Michel, un artilleur. - oui, Michel l'Américain, c'est comme cela qu'on l'appelait; il s'en est sorti aussi et il est reparti chez lui, du côté de Nice je crois. - comme Franck l'ardennais ? - oui, il s'en est sorti aussi, heureusement car il a failli y passer aussi, en Russie. Il essaie d'oublier tout çà. - et le russe ? - vous voulez parler d'Yvan (le prénom Ivan est francisé) ? - oui, Yvan. - eh bien, il s'est marié avec sa vivandière rencontrée en Russie et ils seraient, actuellement à Lyon, où ils auraient ouvert leur estaminet. - et... et vous, mon brave, quel est votre nom ? - moi, Monsieur le baron, je n'étais pas le dernier pour participer à toutes les fêtes en l'honneur du p'tit tondu. Et là, j'boirais bien un p'tit coup à la mémoire de tous ces braves. - mais vous êtes ? - mes amis m'ont affublé d'un drôle de sobriquet : ils m'appellent Le Zouave !
Dernière édition par Saint Clair le Sam 31 Jan 2015 - 19:58, édité 1 fois |
| | | merlinharley77
| Sujet: Re: Pour un ancien d'Austerlitz (Paris - novembre 1821) Sam 31 Jan 2015 - 19:33 | |
| Formidable récit , j'ai aimé le lire et ......le relire. la scénette suivra ?? Merlin. |
| | | Saint Clair
| Sujet: Re: Pour un ancien d'Austerlitz (Paris - novembre 1821) Sam 31 Jan 2015 - 19:52 | |
| Serge, pour avoir apprécié, le dio arrive demain vers midi (il me faut la lumière du jour). |
| | | Invité Invité
| | | | MASQUE
| Sujet: Re: Pour un ancien d'Austerlitz (Paris - novembre 1821) Sam 31 Jan 2015 - 21:03 | |
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| | | Saint Clair
| Sujet: Re: Pour un ancien d'Austerlitz (Paris - novembre 1821) Sam 31 Jan 2015 - 23:10 | |
| Franck et Père Laurent. Vous aurez remarqué que notre personnage se garde bien d'évoquer le capitaine kzn (nous tairons volontairement son nom) car celui-ci démobilisé après Waterloo, s'est vu, comme tous les autres, proposer à nouveau du service dans les troupes royales. Ne voulant pas renier l'Empereur, il a refusé de prêter allégeance au Roi de France. Il serait actuellement en fuite en Prusse. Affaire à suivre... La police du Roi est à ses trousses |
| | | pascal
| | | | francky08
| | | | Saint Clair
| Sujet: Re: Pour un ancien d'Austerlitz (Paris - novembre 1821) Dim 1 Fév 2015 - 13:00 | |
| Saint Clair : "Mais, vous vivez où ? - je suis pensionnaire de l'Hôtel des invalides qui accueillent tous ceux qui ont, soit plus de trente ans de campagnes, soit sont mutilés de guerre, sans famille. je fais partie de cette dernière catégorie. - comment faites-vous pour venir ici avec votre instrument ? - eh bien, j'ai la chance d'avoir des camarades qui m'apportent leur aide : le matin, c'est pascal, trente ans de campagnes, qui m'accompagne et, le soir, c'est le garçon Lada qui vient me rechercher. Je crois qu'il s'appelle, en vérité, Ladaboïskanov. - mon père m'a souvent cité son nom mais je n'en sais pas plus. - nous non plus; je peux juste vous dire qu'il a traversé la Bérézina avec nous. C'est un russe que l'Empereur a voulu le récompenser pour avoir combattu à nos côtés et l'a autorisé à rejoindre les Invalides. Il faut dire qu'il a perdu un bras à Plancenoit. D'ailleurs, il ne va pas tarder à arriver. Allez, je vous joue un dernier morceau. Un de l'Empire, mais n'allez pas le raconter, je ne tiens pas à être admonesté par la maréchaussée. - non, non, ne vous inquiétez pas. Je ne parlerai de vous qu'à mon père. - il est encore en vie ? - oui, il s'est retiré dans ses terres après 1815. Il n'a pas, non plus, voulu servir le Roi. - quel âge a t'il maintenant ? - soixante dix ans. - c'est juste, nous avions à peu près vingt ans d'écart; j'en ai cinquante. |
| | | MASQUE
| Sujet: Re: Pour un ancien d'Austerlitz (Paris - novembre 1821) Dim 1 Fév 2015 - 22:13 | |
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| | | lauris
| Sujet: Re: Pour un ancien d'Austerlitz (Paris - novembre 1821) Lun 2 Fév 2015 - 10:26 | |
| Original et drôle... Lauris |
| | | Saint Clair
| Sujet: Re: Pour un ancien d'Austerlitz (Paris - novembre 1821) Lun 2 Fév 2015 - 22:29 | |
| Deux semaines viennent de s'écouler. Ce mois de décembre est particulièrement froid. Intrigué par ce personnage, le jeune Saint Clair décide de retourner le voir. Il se rend dans cette rue, située à moins de cent pas de l'Hôtel des invalides. Sur place, il n'y a personne; même le banc a disparu. Le jeune Saint Clair interroge le voisinage. On lui répond que l'homme, pourtant familier du lieu, n'a pas été vu depuis plus d'une semaine. Lui serait-il arrivé quelque chose ? Inquiet, le jeune Saint Clair, se rend, in peto, aux Invalides. Il est reçu par le Gouverneur en personne, le Maréchal Louis-Antoine de Lignaud de Lussac : "Prenez place mon jeune ami. Voilà bien longtemps que je n'ai pas vu votre père. Comment se porte t'il ? - bien, Monsieur le Maréchal, bien.... Mais là n'est pas... - je vous trouve bien préoccupé; que me vaut donc le plaisir de votre visite ? - eh bien , pour ne rien vous cacher, Monsieur le Maréchal, ma visite s'inscrit dans une démarche pour le moins singulière puisque je viens m'enquérir de la santé d'un homme, pensionnaire chez vous, dont je ne connais même pas le nom. Je crains que, à l'heure où je vous parle, il ne soit passé de vie à trépas. - allons bon, avez-vous au moins un moyen de l'identifier ? - oui, j'en ai bien un : il se fait appeler "le zouave". - ah ah ah (rires) ! Votre homme, mon jeune ami, est bel et bien en vie ! Et quelle vie ! Voilà déjà six ans qu'il est chez nous et six ans pendant lesquels il a alterné les crises de démence, parfois feintes, parfois non feintes, et les phases d'apathie maligne. - que voulez-vous dire ? - en fait, depuis qu'il s'est pris une balle dans la tête à Wagram, il a tout oublié. Il est venu chez nous prétendant qu'il n'avait pas de famille. Il semble, en réalité, qu'il ait encore des père et mère dans le nord de la France. Mais, ses états de service, remarquables, ont plaidé en sa faveur. Nous l'avons gardé. Il a connu presque toutes les batailles de l'Empire et a commis nombre d'actes de bravoure. - pour autant, nombre de ses coréligionnaires ont rapidement gravi les échelons de la hiérarchie militaire; pourquoi pas lui ? - je ne sais que vous répondre : il a, bien qu'à ma connaissance, il savait lire et écrire, toujours refusé de passer officier. Ne me demandez pas pourquoi, c'est son secret. Mais bon, il n'est plus ici depuis huit jours. - ah ?! Mais que s'est-il passé ? Où est-il à présent ? - Je ne sais pas tout de cette histoire mais pour ce que j'en sais, le cas est unique dans l'enceinte de notre noble institution. - mais enfin, pouvez-vous m'en dire davantage, Monsieur le Maréchal ? - j'y viens, j'y viens, jeune impatient. L'histoire commence il y a dix jours précisément. Elle commence par l'arrivée, en nos murs, d'un certain Franck l'ardennais, un ancien de la Grande armée, qui a demandé à voir le zouave. Permission d'entrée lui fut accordée. |
| | | Saint Clair
| Sujet: Re: Pour un ancien d'Austerlitz (Paris - novembre 1821) Lun 2 Fév 2015 - 22:58 | |
| "C'est là que tout a commencé ! Ce Franck, ancien grenadier de la Garde impériale, lui a conté mille fariboles : le chef d'escadron Merlin, que l'on croyait à jamais englouti avec ses cavaliers tout de fer bardés dans les brumes crépusculaires du Mont Saint Jean, était encore en vie ! Il aurait été aperçu, quelque peu aviné, au bras d'accortes jeunes personnes, dans les rues "chaudes" d'Ophain, en Belgique. Bien plus, le jeune Dragon, son officier d'ordonnance, surnommé Dragon rouge, ne serait pas mort ! La balle tirée à bout portant l'aurait désarçonné, mais ne l'aurait pas achevé. Elle n'aurait pas été extraite de sa boîte cranienne et il ne s'en porterait pas moins bien. Quoi qu'il en soit, ces propos ont eu une influence considérable sur le zouave dont le cerveau déjà enfiévré n'avait nul besoin d'être encombré de ces malivoles histoires. Hélas, comme un malheur ne vient jamais seul, il nous fallait, le lendemain de cette arrivée, ouvrir notre porte à celui que d'aucuns connaissent sous le nom de "Père Laurent". Ancien aumônier de la Grande armée, il arrivait, toute soutane fatiguée, de sa Vienne natale."
A SUIVRE |
| | | MASQUE
| Sujet: Re: Pour un ancien d'Austerlitz (Paris - novembre 1821) Lun 2 Fév 2015 - 23:12 | |
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| | | ltnkzn
| Sujet: Re: Pour un ancien d'Austerlitz (Paris - novembre 1821) Mar 3 Fév 2015 - 18:43 | |
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| | | Saint Clair
| Sujet: Ames sensibles s'abstenir Mar 3 Fév 2015 - 22:13 | |
| Le Maréchal reprend : "Je n'étais pas présent lors des retrouvailles entre le zouave et le Père Laurent. La scène, que je vais tenter de vous narrer du mieux que je pourrai, m'a été rapportée par l'Intendant qui y a assisté dans sa presque totalité. Il convient, tout d'abord, de vous préciser que le Père Laurent s'est mis en tête que tous ceux qui ont combattu sur les champs de bataille de la Révolution et de l'Empire n'ont pas pu le faire autrement que mus par une force qui les emportait, les dépassait, les transcendait totalement. Autrement dit, ils étaient possédés ! Le Diable était en eux. Il s'est dit que le Père Laurent était, après la fin de l'Empire, devenu prêtre exorciste de son diocèse. Il ne perdit pas une seconde : Père Laurent : - mon fils, n'aies point de crainte, car ton père est là, parle-moi, confie-moi tes soucis, dévoile ton coeur et abjure tes péchés ! Le zouave se signe : - bénissez moi mon père parce que j'ai pêché ! Je dois l'avouer, il m'arrive de jurer, surtout quand j'ai bu plus que de raison et je tiens des propos obscènes à qui veut m'entendre ! Il m'arrive, dans des crises de démence, de frapper mon prochain et même, parfois ... approchez-vous mon père car je ne voudrais pas qu'on m'entende alentour. Le Père Laurent penche la tête vers la bouche du zouave et tend l'oreille : - oui, mon père, il m'arrive, parfois, de tenir des propos paillards et irrévérencieux à l'endroit des modérateurs ! - les modérateurs ? Mais, de qui parlez-vous mon fils ? Qui sont ces modérateurs ? - ils voient tout et entendent tout ! Ils sont partout ! Ils me font peur ! Et même, ils me répondent et me commandent aussi !
Le Père Laurent se tourne alors vers l'assistance : dans la chambrée, il y avait Lauris, pascal, locat et d'autres encore. - je le savais ! Il tient des propos incohérents ! Il est possédé par le Malin ! Vite mon bréviaire ! Il lit ensuite avec une voix forte : In nomine Patris, et Fili et Spiritus Sancti. Amen. Exsurgat Deus et dissipentur inimici ejus et fugiant qui oderunt eum a facie ejus. Sicut deficit fumus, deficiant; sicut fluit cera a facie ignis, sic pereant peccatores a facie Diei.
A ces premiers mots, le zouave commença à se contorsionner; à mesure que le prêtre avançait dans sa lecture, le zouave, dont la bave suintait à la commissure des lèvres, roulait sur le sol et le frappait de ses poings raidis par la rage. Il hurlait : - comme le vent ! je suis libre comme le vent ! comme le vent ! je suis libre comme le vent ! S'ensuivirent des jurons et des insanités que la décence m'interdit de vous relater ici. Le prêtre suait à grosses goûtes. Il fallut plus de six hommes pour maintenir le possédé au sol. On lui attacha les poignets mais, les yeux révulsés et la jambe raide ont eu raison de tous les liens. Père Laurent : Démon, sors d'ici ! Sors de ce corps qui n'est pas le tien ! Crève Belzébuth ! Crève Harlequiquin ! Va t'en Esprit malin, tu n'as pas ta place dans le ventre de celui qui t'a nourri pendant toutes ces années de guerres. Se tournant vers le zouave, cette fois presque inaudible : où as-tu caché le magot ? D'une voix très rauque, le zouave : crève charogne et avec toi ... Je préfère ne pas vous dire la suite tant cela pourrait paraître choquant à vos jeunes oreilles.
Saint Clair : - je vous en prie Monsieur le Maréchal, je vous en prie, continuez, je vous suis tout ouï. - certes, mais je ne voudrais pas vous paraître ennuyeux avec cette histoire qui, je le rappelle, m'a simplement été rapportée. Je n'ai point assisté à cette scène qui défie l'entendement. Le père était au bord de l'épuisement : il apposa sa croix de Saint André sur le front brûlant du zouave qui entra alors dans une transe violente avant de mimer des gestes que toute bonne conscience ne peut que désapprouver avec force, puis de s'abandonner à un sommeil si profond que même les cent vingts coups de canon tirés à l'occasion de la naissance du Roi de Rome n'auraient pu l'en tirer. Le prêtre en profita pour ingurgiter deux bouteilles de nos meilleurs vins avant de faire ripaille avec l'Intendant comme si de rien n'était.
Dernière édition par Saint Clair le Mar 3 Fév 2015 - 22:44, édité 2 fois |
| | | Saint Clair
| Sujet: Re: Pour un ancien d'Austerlitz (Paris - novembre 1821) Mar 3 Fév 2015 - 22:38 | |
| Saint Clair : - et la suite ? - je trouve bien étrange que vous vous intéressiez de si près à la vie de ce zouave ? - il fut un compagnon de route de mon père et, à ce titre, digne du plus parfait intérêt. - cela vous honore, mon cher; je crains que d'autres n'aient point d'intentions aussi nobles que celles qui vous animent à l'endroit de cet individu. - que voulez vous insinuer ? - c'est plus que des insinuations. Je porte de sérieux doutes sur la personne même de ce Révérend-père Laurent. En fait, ce n'est pas un saint Je crains même le pire. - mais, que s'est-il donc passé ? Le zouave n'est tout de même pas mort. - non, il n'est pas mort, mais, entre les mains de ce "prêtre", je ne donne pas cher de son existence. Figurez-vous que le lendemain même de l'exorcisme, à la faveur de la nuit, ils ont pris la poudre d'escampette. - de qui voulez-vous parler ? - eh bien, le Père Laurent a emmené avec lui tout un groupe de vieux de la vieille : le zouave, bien sûr, et pour l'aider à marcher, pascal et SAMuel. Le caporal Ladaboïkonov, qui venait de se souvenir opportunément qu'il avait laissé à Smolensk une femme et sept enfants ainsi que locat ont emporté les provisions de bouche. L'ardennais et le "jeune" Gauthier fermaient la marche. J'espère que je n'ai oublié personne (note de l'auteur). Seul est resté parmi nous le vieux Lauris, trop fatigué pour suivre les plus jeunes; vous m'excuserez de le qualifier ainsi, d'autant qu'il a l'âge de votre père, je crois. - mon père ne vous en voudrait pas, il sait que ses années sont à présent comptées. - Lauris a pu, ainsi, nous conter la suite des évènements, en partie tout du moins. A SUIVRE : la berline de l'Empereur |
| | | MASQUE
| Sujet: Re: Pour un ancien d'Austerlitz (Paris - novembre 1821) Mer 4 Fév 2015 - 19:46 | |
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| | | Saint Clair
| Sujet: Re: Pour un ancien d'Austerlitz (Paris - novembre 1821) Mer 4 Fév 2015 - 20:56 | |
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| | | Saint Clair
| Sujet: La berline de l'Empereur Mer 4 Fév 2015 - 22:02 | |
| Le Gouverneur continue son récit : "Le deux décembre mil huit cent vingt et un au matin, ils avaient disparu ! Je fus appelé et me rendis rapidement sur les lieux. Personne n'était dans la capacité de me dire ce qui venait de se produire. Je fis mander le sergent Lauris, seul à même de pouvoir me fournir une explication tangible. Voici, en résumé, ce qu'il me raconta : - Monsieur le Gouverneur, je suis prêt à répondre à toutes vos questions mais, de grâce, n'en touchez mot à quiconque. Ma vie serait alors en danger. - allons, sergent, n'ayez aucune crainte, personne ne vous fera le moindre mal ici; de qui voulez-vous avoir peur ? - du prêtre, monsieur le Gouverneur, du prêtre, il est le Malin incarné ! - allons bon, il est parti votre prêtre et quelque chose me dit qu'on ne le reverra pas de sitôt. - ce n'est pas mon prêtre et il est capable de m'ensorceler à distance. - cessez vos balivernes, sergent, et allez droit au but. Dites-moi ce qui s'est passé ici. - je vais vous dire quelque chose que je croyais, jusqu'à il y a deux jours, être seul à connaître. Le zouave m'avait confié son secret et je lui avais juré de n'en parler à personne. Mais là, les circonstances me conduisent à trahir mon serment. - que voulez-vous dire ? - eh bien, Monsieur le Gouverneur, l'histoire commence le 18 juin 1815, du côté de Genappe, en Belgique, à un endroit où le zouave se souvient d'avoir été amputé de sa jambe droite. Quelques instants plus tôt, alors que l'armée française retraitait dans le désordre, un dernier boulet de canon avait rebondi et lui avait arraché les chairs. Il était parvenu à se traîner jusqu'à un poste de secours où officiait un chirurgien débordé par les amputations en tous genres. Il acheva ce que le boulet n'avait pu emporter et cautérisa immédiatement avant de prendre la fuite avec tout ce qui était encore capable de tenir debout. Les flots de fuyards continuaient à se déverser devant ses yeux lorsqu'il vit, à moins de cent pas, arriver deux voitures : une grosse berline et un landau en berline d'où sortit, promptement, l'Empereur Napoléon en personne. Il enfourcha aussitôt un cheval et partit au triple galop. Immédiatement, les membres de la Maison de l'Empereur creusèrent un trou juste à côté du zouave. Et, sans lui prêter la moindre attention, ils enfouirent plusieurs cassettes dans ce trou avant de le reboucher avec de la terre. L'un d'entre eux eut l'idée de faire croire qu'on y avait enterré les membres découpés par les chirurgiens. Il s'empara de la jambe coupée du zouave et la planta dans le monticule ! Ils ne purent faire davantage car s'abattit sur eux une horde de cavaliers prussiens qui poussait des cris effrayants ! Ils furent taillés en pièces à coup de sabre et aucun ne survécut. A cent pas gisait le zouave, à côté de son monticule, qui ne perdit rien de la scène. Les autres le croyaient mort et, furieux de n'avoir pu capturer l'Empereur, entreprirent de piller les berlines. Ils s'emparèrent de ses effets personnels mais aussi de beaucoup de pièces d'or et de pierres précieuse. Ils volèrent les berlines et disparurent aussi vite qu'ils étaient survenus. Le zouave récupéra aussi des pièces d'or, quelques unes, perdues par les hommes de l'Empereur, qu'il dissimula dans ses poches intérieures. Il perdit alors connaissance. La nuit ensevelit alors ce champ de ruines humaines. Le lendemain matin, une voix familière le sortit de sa torpeur. C'était l'ardennais ! Il avait reconnu le zouave et l'avait chargé sur un cheval récupéré à un chasseur qui n'en aurait désormais plus besoin. Il le ramena en France, directement aux Invalides, puis rentra chez lui, vers le nord.
Le zouave, bien des années plus tard, me conta son aventure et me confia qu'il était seul à connaître la cache du trésor. Car ce qui était sous terre était bel et bien une partie des pièces d'or et autres pierreries qui appartenaient à l'Empereur.
Je croyais, comme je vous le disais, être seul détenteur du secret. Mais quelle ne fut pas ma stupeur lorsque je vis apparaître ici l'ardennais. Je compris immédiatement que lui savait aussi. En effet, lorsqu'il ramena le zouave en France, celui-ci, emporté par les fièvres, s'était mis à délirer et avait, en même temps, tout révélé à l'ardennais.
Dernière édition par Saint Clair le Mer 4 Fév 2015 - 22:32, édité 2 fois |
| | | Saint Clair
| Sujet: Re: Pour un ancien d'Austerlitz (Paris - novembre 1821) Mer 4 Fév 2015 - 22:20 | |
| - mais pourquoi le Père Laurent ? que vient-il faire dans cette histoire ? - j'ai cru comprendre que le Père Laurent avait confessé l'ardennais; en fait, il l'a envouté et ce dernier lui a raconté l'histoire du zouave; ils sont donc deux à la connaître. - pour le flatter, ils lui ont fait croire que Merlin et Dragon, qu'ils supposaient encore en vie, voulaient absolument le revoir avant de quitter cette terre. Au moment où je vous parle, ils sont en route pour la Belgique, sous ce faux prétexte. Mais, ils ont bien l'intention de faire parler le zouave pour qu'ils les guide jusqu'à la cache. Hélas, le zouave, au fil du temps, a perdu quelque peu la mémoire et il me disait, il y a un an, qu'il était incapable de retrouver l'endroit. - alors le zouave est en sérieux danger ! - oui, Monsieur le Gouverneur, en danger de mort !"
Saint Clair, le jeune : "Eh bien, Monsieur le Maréchal, qu'avez vous fait alors ? - j'ai immédiatement alerté Monsieur le Ministre de la police qui a aussitôt lancé toutes ses forces à leurs trousses. Mais, je n'ose vous avouer qu'à ce jour, aucune trace de cette équipe n'a été trouvée; à croire qu'ils se sont volatilisés ! - en tout cas, le zouave a pu profiter de ses quelques pièces d'or - oui, je sais maintenant avec quels deniers il pu acquérir un violon; il n'en a jamais rien dit à personne. - seul Lauris savait. - hélas, pas seulement lui..."
A SUIVRE : lettre du général Saint Clair à son fils
Dernière édition par Saint Clair le Jeu 5 Fév 2015 - 9:54, édité 1 fois |
| | | MASQUE
| Sujet: Re: Pour un ancien d'Austerlitz (Paris - novembre 1821) Jeu 5 Fév 2015 - 5:27 | |
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| | | Saint Clair
| Sujet: Lettre du général Saint Clair à son fils Jeu 5 Fév 2015 - 21:56 | |
| Le général Saint Clair, officier de la Légion d'honneur, baron d'Empire, s'est, après la défaite de Waterloo, retiré en ses terres lorraines. Il se partage entre son hôtel particulier à Metz (Moselle) et son domaine d'Hattonchatel (Meuse). https://i.servimg.com/u/f43/11/13/18/22/dscn4018.jpgC'est de cet endroit que, le 15 décembre 1821, il écrit à son fils, établi à Paris, la lettre suivante (pour les besoins du propos, nous passerons sur la partie du texte qui concerne la relation plus personnelle d'un père et de son fils). "Mon cher fils, J'ose espérer que la présente vous trouvera, votre épouse et vous, en parfaite santé. En ce qui me concerne .................................. J'en viens à l'objet de cette missive : une rencontre inattendue qui m'a permis de sortir de ma torpeur hivernale. Voilà que, pas plus tard qu'il y a une semaine, je vis arriver au château un bien drôle d'équipage. Celui-ci était composé de mes vieux compagnons de combat, compagnons que je n'avais pas revus depuis plus de six ans, quand encore, je ne les croyais pas morts au champ d'honneur ! Il y avait là le zouave, cette tête brûlée de zouave qui s'est distingué sur tous les champs de bataille, de Marengo à Leipzig, en passant par Austerlitz et Eylau; je l'avais proposé pour la Légion d'honneur, il l'a refusée ! Une tête brûlée doublée d'une tête de lard ! IL est arrivé, juché sur un âne que tirait Franck l'ardennais. J'étais content de le retrouver aussi quand bien même je l'avais rencontré moins souvent que ses compagnons de route. Parmi ceux-ci figurait le Révérend-Père Laurent, aussi prêtre que si j'étais vivandière ! Par complaisance, je le laissais toujours suivre nos troupes car il avait ce charisme qui faisait se convertir le dernier des païens au christianisme. Il confessait tellement bien les hommes qu'ils finissaient toujours par lui confier leurs pauvres économies avant de monter au combat. Et de n'y parfois point revenir... Et puis, je revis le jeune Gauthier, plus gaillard que jamais ! Je me demande comment il a fait pour se retrouver aux Invalides ! J'appris que, entretemps, le caporal Lada était reparti au pays où l'attendaient femme et enfants. pascal et SAMuel, que je n'avais jamais vus, avaient pris la décision de l'accompagner : ils voulaient voir du pays qu'ils disaient. A la joie des retrouvailles succéda une certaine inquiétude surtout lorsque je vis ma cave se vider en beaucoup moins de temps qu'il n'en faut pour écrire ces quelques lignes ! Je ne fus, du reste, guère étonné lorsque je surpris le Père Laurent en train de goûter aux plaisirs que pouvait bien, malgré son âge quelque peu avancé, lui offrir notre bonne Louisette. La bougresse ne verrait désormais plus l'Eglise avec le même oeil ! Bref, je ne fus pas mécontent lorsque tout ce petit monde offrit de prendre congé afin de rejoindre ceux de nos amis belges que le zouave appelait affectueusement ses "cousins". J'en fus fort surpris car il m'avait été rapporté qu'ils avaient succombé à l'issue d'une dernière charge, particulièrement mémorable. Je n'avais plus l'âge de les accompagner mais manifestait ma satisfaction de pouvoir les revoir lorsqu'ils reviendraient, plus tard, en France. Ils prirent la route, le zouave toujours sur son âne mais, cette fois, avec une carriole remplie de victuailles et... de mes meilleures bouteilles de vin ! Ils pensaient arriver à bon port pour Noël. Je leur souhaitais bonne route et, surtout, bonne chance..." A SUIVRE : épilogue |
| | | fabrizio Italie
| Sujet: Re: Pour un ancien d'Austerlitz (Paris - novembre 1821) Jeu 5 Fév 2015 - 23:04 | |
| Une très particulier. Bravo Saint Clair!! Un vétéran de l'hôtel des Invalides |
| | | Saint Clair
| Sujet: Re: Pour un ancien d'Austerlitz (Paris - novembre 1821) Dim 8 Fév 2015 - 23:20 | |
| Fabrizio pour ce commentaire élogieux ! la suite du roman arrive très bientôt ... |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Pour un ancien d'Austerlitz (Paris - novembre 1821) | |
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| | | | Pour un ancien d'Austerlitz (Paris - novembre 1821) | |
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